EDITO 2018 : LA MUSIQUE QUE FAIT NOTRE MONDE
Dans un lointain passé ou plus récemment, les bouleversements géopolitiques ont creusé de profonds sillons, et ces cicatrices sont autant de mémoires sensibles encore vibrantes aujourd’hui, pour qui veut les entendre, dans la musique que fait notre monde.
Pour cette 23e édition, nous explorons trois de ces mémoires, chacune liée à une migration forcée, un exil dont on peut lire l’histoire dans la musique que les hommes et les femmes qui en ont hérité jouent, maintenant. Ces musiques, imprégnées de réel, chargées d’émotions et transcendées, gardent leur puissance cathartique… jusque dans les sons les plus actuels :
La Traite négrière transatlantique, du Cap Vert au Brésil, engendra aussi le métissage de la musique des colons portugais avec les rythmes percussifs d’Afrique noire : héraut des Musiques Populaires Brésiliennes, Gilberto Gil s’entoure de sa tribu musicale pour une relecture des 40 ans de son mythique album Refavela ; Lucibela, dont la voix solaire fait briller les mornas et coladeiras cap-verdiennes d’un joli renouveau… À Cuba, l’hybridation se fera avec la guitare espagnole, et le piano apporté par les Français qui fuient la révolution haïtienne à la fin du XVIIIe siècle : avec Abuc, le prodigieux pianiste Roberto Fonseca propose un voyage dans l’histoire musicale de son île.
Du continent d’origine, du Bénin, la plus internationale des voix africaines, Angélique Kidjo, artiste libre et femme engagée, offre un florilège de ses plus beaux titres le temps d’un set intimiste au coeur de l’écrin majestueux du Théâtre Antique.
En Europe, la Grande Catastrophe de 1922 a expulsé Grecs et Turcs de leurs pays : échangés, déplacés, et avec eux, toute une culture germée dans les bas-fonds d’Athènes et les Cafés Aman des ports d’Asie Mineure, le rebetiko ! Tony Gatlif en a fait un film, Djam. Les musiciens de la B.O, dont l’incandescente Daphné Patakia, crèvent l’écran et montent sur scène chanter leurs racines nourricières communes.
En Palestine, et les tout derniers événements dramatiques à Gaza en disent long sur cet épicentre des tensions géopolitiques internationales : le Trio Joubran. Les cordes délicates des frères oudistes accompagnaient ici-même, il y a 10 ans, le grand Poète Mahmoud Darwich dans une ode à la langueterre natale. Avec les 47Soul, l’Âme de 1947, c’est le flow de la jeune diaspora qui s’exprimera haut et fort. D’Orient encore, c’est sous la direction du prestigieux flutiste syrien Moslem Rahal que le projet Orpheus XXI de Jordi Savall fait de nouveau escale aux Suds.
Il n’est pas ici question de justifier les drames passés et présents par leurs effets positifs dans l’histoire de la musique. Toutefois, parce que les profonds sillons sont souvent des plus fertiles, ces musiques des diasporas et des exils, ensemencées au gré des rapports de domination, se sont faites musiques de la résilience : survivant par hybridation sur des terres d’errance ou d’accueil, renaissant en rhizomes, dessinant la carte géopolitique du monde actuel.
Et c’est au coeur de ces mémoires sensibles que les duos Piers Faccini & Jasser Haj Youssef et Xylouris White, Grégory Dargent, oudiste strasbourgeois invité pour une Carte Blanche, la jeune formation turco-néerlandaise Altin Gün… ont trouvé le lieu de convergence de leurs utopies sonores - tout comme les Colombiens de Puerto Candelaria, ou le passionnant Projet Schinéar lauréat du Prix Musiques d’Ici décerné par le Festival Villes Des Musiques du Monde (93).
Parce que seul l’Amour peut voyager sans visa à travers les frontières et le temps, les soirées de cette 23e édition se clôtureront par une grande Nuit de l’Amour, dans le cadre de MP2018, avec Love I Obey de Rosemary Standley, Love to die for de Yom & The Wonder Rabbis et No mercy for love de Cannibale. Une déclaration à la fois baroque, fougueuse et déjantée !
Musiques vivantes, épanouies, sensuelles, festives et innovantes…leurs notes emplies d’espérance, d’Amour et de joie de vivre, donnent à des hommes et à des femmes la force de rester debout pour danser et chanter, debout pour transcender et créer.
Marie José Justamond
Directrice de SUDS,à ARLES
La structure
Suds, à Arles a vu le jour au mois de janvier 1996.
Né à l’initiative de passionnés et de professionnels de la culture méditerranéenne, Suds a pour but d’affirmer l’identité des pays de la Méditerranée et plus largement des Suds ; de promouvoir, diffuser leurs cultures, développer leur attractivité et contribuer à leur pleine reconnaissance dans l’espace européen et international.
A travers son festival de musiques du monde organisé en juillet, aujourd’hui internationalement reconnu, et par ses actions culturelles menées à l’année sur le territoire, Suds entend favoriser la diversité culturelle telle que définie par l’UNESCO dans la Déclaration universelle de 2001 et adoptée par tous les états membres, à savoir un « patrimoine commun mondial de l’humanité au bénéfice des générations présentes et futures ».
En effet, à l’heure où la mondialisation des échanges tend à uniformiser les repères sociaux et culturels, la découverte de l’Autre est source d’enrichissement et l’acceptation des différences, indispensable au développement d’un mieux vivre ensemble.
Ainsi, sur un mode convivial mais avec une exigence artistique revendiquée, le Festival suscite de nombreuses occasions de rencontres avec des artistes venus du monde entier : concerts intimistes, festifs ou majestueux dans le magnifique décor architectural qu’offre la cité arlésienne ; sans oublier des stages pour tous et, de nombreux temps d’échanges riches de sensations ou d’enseignements, bien au-delà du domaine strictement musical.
Permettre le foisonnement des idées, la densité et la diversité des émotions et les faire partager au plus grand nombre, telle est l’ambition de cette manifestation. Par ailleurs, Suds développe des collaborations avec d’autres instances culturelles régionales, nationales ou internationales, particulièrement au sein de quatre réseaux professionnels : Zone Franche, le Pôle Culture & Patrimoines, l’European Forum of Worldwide Music Festivals, la FAMDT et Poulpe Connexion, collectif des festivals de musiques du monde en Provence.
A travers sa directrice, Marie José Justamond, ou son administrateur, Stéphane Krasniewski, Suds est également sollicité pour des jurys (Prix de l’Océan Indien, Centre National de la Variété, Babel Med Music…), des expertises, des débats ou des formations pour les professionnels du secteur, en France ou à l’étranger. Suds s’investit également au sein de l’Office de Tourisme d’Arles, du Conseil de Développement du Pays d’Arles ou du Parc Naturel Régional de Camargue.
Si l’organisation d’un festival tous les ans en été, constitue la partie visible et reconnue d’un projet plus global qui vise à valoriser la diversité des cultures d’ici et d’ailleurs, nous avons choisi d’ancrer fortement cette démarche dans la riche réalité de notre territoire. En effet, SUDS, à ARLES œuvre pour une action culturelle soucieuse des réalités du territoire arlésien. L’histoire des populations en Camargue, la jeunesse des quartiers et les identités profondément méditerranéennes constituent une richesse sur laquelle reposent les fondements de l’engagement de Suds tout au long de l’année.
Cette démarche se manifeste par un accès démocratique aux pratiques et à la découverte des disciplines artistiques d’ici et d’ailleurs. D’octobre à juillet, près de 400 heures d’ateliers, de stages et d’actions de sensibilisation mettent en relation le public avec des artistes pédagogues. Plus de 500 enfants, jeunes et adultes y participent avec enthousiasme et, par un mouvement du Soi vers l’Autre, construisent un vivre ensemble conscient de la diversité.
L'équipe
Les Suds, à Arles
Maison des Suds
66, rue du 4 Septembre
13200 Arles
04 90 96 06 27
Directrice - Programmatrice : Marie José Justamond
Administrateur - Programmateur : Stéphane Krasniewski
Responsable de l'Action Culturelle : Rémy Gonthier
Responsable de la Communication : Laura Boury
Responsable des Publics : Marion Brun
Attachée de presse nationale : Frédérique Miguel
Consultante Chargée du Rédactionnel & des Coproductions Audiovisuelles : Florence Roumy
Régie générale : Valérie Julien
Régie générale et technique: Guillaume Dubois
Membre de l'association Chargé des Partenariats : Christian Royer
RÉSEAUX & DISTINCTIONS
Les Suds,à Arles est membre de
Label & Prix
Le festival Les Suds,à Arles a été retenu parmi 96 festivals français pour recevoir le label EFFE : Europe for Festivals, Festivals for Europe, et a obtenu le prix SongLines 2015 (intégré dans le TOP 25 des Meilleurs Festivals Internationaux de 2015 du mensuel britannique Songlines).
L'anthologie des moments précieux
C’est par une belle soirée estivale, à la fin d’un concert de Toumani Diabaté, que l’idée d’une collaboration entre le label world village et le Festival des Suds germe. Premiers défrichages dès septembre 2008 autour de l’idée d’un CD…
30 mai 2012 : sortie officielle d’un coffret CD-DVD avec 25 groupes et un livret de 72 pages habillé par le créateur Christian Lacroix !
Sertis dans ce magnifique écrin, ces Moments Précieux sont une invitation au voyage aux quatre coins du monde !
En savoir plus sur l'anthologie.
Les musiques du monde et leur(s) public(s)
Suds a également participé à une étude des publics retranscrite dans l’ouvrage d’Emmanuel Négrier, « Les musiques du monde et leur(s) public(s), Six festivals en Provence-Alpes-Côte-d’Azur », édition Le mot et le reste.
Au-delà des caractéristiques sociologiques de ces publics, ce travail a permis une réflexion sur l’identité « musiques du monde » ainsi que sur le dispositif « festival » et sa dynamique, tant en termes de diffusion musicale que de retombées économiques territoriales. En savoir plus sur l'ouvrage "Les Musiques du Monde et leur(s) public(s).
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