Edito 2002
Du 11 septembre 2001 au 21 avril 2002, nous avons vécu plusieurs chocs politiques, lointains ou proches. Dans ce contexte toujours bouleversé, évoquer le programme d’un festival peut s’avérer dérisoire… Pourtant, ce n’est pas une banalité que d’affirmer haut et fort que la musique n’adoucit pas seulement les mœurs, elle peut aussi cristalliser les fraternités, et plus que toute autre expression, favoriser le dialogue. Depuis sept éditions, le festival Les Suds, à Arles, sous ses aies de fête, témoigne aussi de cette voie à prendre pour accorder les rivages, se frayer des chemins vers de possibles réconciliations. Invitation dans l’espace, mais aussi dans le temps, les musiques du monde nous apportent du recul, celui de l’Histoire, et nous permettent ainsi de relativiser les chocs de civilisation du passé (La Musique du temps des croisades les 16 et 17 juillet). Et si elles ne gomment pas les conflits, elles leurs survivent et mettent en évidence leur absurdité (La Méditerranée réinventée le 18 juillet). En cela, et pour ce qui va suivre, la programmation des Suds, à Arles est cette année particulièrement d’actualité…
Plus que jamais donc, nous nous obstinons, et continuons envers et avec tous : artistes, partenaires publics et privés, journalistes, à ouvrir, pour le public, cette fenêtre qu’est le festival, déployant un vaste horizon sur ce qui se crée, se chante, se crie, se joue dans tous les pays du Sud.
Persistons à cultiver cet inattendu dans le rencontre de ces artistes qui chantent la révolte (Danyèl Waro, soul Flower Mononoke Summit), la vie quotidienne, les drames des temps anciens (Annie Ebrel/Riccardo del Fra), ou encore la douleur de l’exil (Hasna El Bécharia). Écoutons, ceux qui, de Cuba à l’Occitanie, de l’Iran à l’Île de la Réunion parlent encore et toujours de l’amour : amour exalté par les troubadours occitants Jan-Mari Carlotti et Michel Marre, passionnel et piquant par les Sœurs Faez de la Casa de la Trova, festif ou voluptueux par Emil Zrihan, mystique, mêlant sacré et profane par Rozaneh ou Al-Kindî, déchirant ou nostalgique par Souad Massi, celui de « la » terre pour Jacky Micaelli, infiniment poétique de Manuel Molina. Vibrons, les 19 juillet, pour la soirée ARTE avec l’énergie tribale des percussions africaines et rurales de Djiguiya, brésiliennes et urbaines de Funk’n Lata. Guidés par la complicité, la confiance et la curiosité du public, partons à la découverte de créations : celle des Viejas Gitanas de Jerez qui monteront exceptionnellement sur scène pour le festival, celle de Ventadis pour un moment précieux à l’Église de Barcarin, et celle du chorégraphe Miguel Nosibor en compagnie des jeunes danseurs arlésiens au Musée de l’Arles Antique… Et tant d’autres bonheurs à vivre : le premier concert en France de la très étonnante Mercédes Péon de Galice, l’Espagne celte. Inédit aussi celui du Grand Orchestre de Chris Gonzales… sans oublier, les Scènes en ville, autant de propositions artistiques à surprendre…
Bon festival à tous,
Marie-José Justamond
Directrice artistique
ILS SONT VENUS
SOIREES SUDS : Danyèl Waro / Mercedes Peon / Omar Sarmini et l'Ensemble Al-Kindî / Jan Mari Carlotti & Michel Marre / Miguel Nosibor / Emil Zrihan / Souad Massi / Djiguiya / Funk'n Lata / Casa de la Trova / Las Viejas Gitanas de Jerez de la Frontera
MOMENTS PRECIEUX : Rozaneh / Hasna el Bécharia / Jacky Micaelli / Annie Ebrel & Ricardo del Fra / Manuel Molina / Ventadis
SCENES EN VILLE : Taraf Goulamas / L'Hijaz'car / Tinariwen / Niamakak / Roland Ramade et Patrick Agullo / Hanta / Soul Flower Mononoke Summit / Le Grand Orchestre de Chris Gonzales / L'Orchesta / Manu Théron (à l'Église des Prêcheurs) / Ba Cissoko et Yvislam / Ventadis
STAGES : Joaquim Grilo / Maria Del Mar Moreno / Koffi Kôkô / May KAzan / Joëlle Tamssom / Vaishali Trivedi / Claudio Basilio / David Imbert / Roger Raspail / Jérôme Vion / Catherine Palvadeau...